De la confusion générale

Donc à ce qu’il apparaît, le nouveau trip, c’est de dessiner des croix gammées sur les façades de locaux politiques et démocratiques, ou de les vandaliser ? Comme c’est aussi un nouveau jeu dans les cours de récré de collèges de faire des saluts nazis , ou pour reprendre l’élément de langage imposé, des « gestes maladroits » ? Comme c’en est un autre sur « les réseaux », et chronophage sans doute, de coller méthodiquement d’un clic répétitif l’émoticône du konkiri ou de poster des commentaires de nature binaire, à l’orthographe souvent hasardée, partout où s’exprime un avis de gauche, de vraie gauche s’entend, celle qui ne compose pas. Car ces agressions visent ceux qui ont été ciblés « ennemis du capital » : l’« extrême gauche », ces maudits partageux, ceux qui promeuvent le bien commun et – horreur malheur – la redistribution équitable. A Brest : LFI et le PC.

On pourrait se rassurer en disant que ces actes sont le fait d’esprits faibles, bornés, ou encore de mal aimés, de tous ceux qui ne vivent que dans l’intimidation, la démonstration de force, la bagarre, le conflit, la guerre. Des gens à qui on a dit que « penser, c’est déjà désobéir ». Et qui donc obéissent. Il y en a.

Il faut voir derrière ceux-là le cynisme d’autres qui lancent les anathèmes en sachant qu’ils tordent le sens des mots  mais que ces mots seront répétés : « factieux ! Islamo-gauchistes !! Antisémites !!! ». Ou qui, suivant Carl Schmidt – ce théoricien qui a fini nazi –, bornent la politique à une seule fonction : « désigner l’ennemi » : le migrant, l’étranger, le SDF, le bénéficiaire du RSA, tous ces boucs émissaires qui montrent à quel archaïsme s’en tient une idéologie qui se veut « moderne » (IA IA IA les entend-on braire partout) et «  de progrès » (d’ « innovation » comme dit l’autre). L’important étant pour eux que les foules qu’ils estiment stupides les croient.

Ceux-là savent ce qu’ils font : ils sont les officiers du brouillage des signifiants, du renversement total des références et des valeurs ; de l’emploi des mots à contre-sens : de tout cela qui rend le sens indiscernable et la parole impossible. On les reconnaît à l’oreillette qu’ils ont à l’oreille – ou à la trace du collier qui les tient serrés. Ils défendent leurs maîtres et leur monde.

Les porte-voix et autres chiens de garde amplifient le phénomène : c’est leur fonction désormais (nul ne s’élève pour démentir et rétablir le sens, ou bien si un courageux le fait, il est invisibilisé, rendu muet, renvoyé, démis). L’important est que soit empêché tout ce qui pourrait contrarier la grosse machine capitaliste et ses pilotes milliardaires. Machine d’autant plus acharnée qu’elle commence à donner des signes d’usure et des fissures à l’élargissement desquelles contribuent fort heureusement quelques médias libres et citoyens.

On ne tient pas éternellement dans les mensonges et les discours préfabriqués par les équipes de conseillers en communication. Surtout s’ils sortent des écoles de commerce.

Que dit cette croix gammée sur la façade de la permanence du député LFI Pierre-Yves Cadalen ? Est-elle une signature, celle de fachos sortis de leur obscurité lâchement la nuit (en connaissent-ils seulement l’histoire …) ? Accuse-t-elle au contraire la victime d’être elle-même nazie et cela en dépit de toute vérité historique et politique ? En dépit de ses actions et de ses mots ? Peu leur importe pourvu que le signe soit posé, même absurde, surtout absurde.

Et qu’une menace plane. Et que nous tremblions de peur sans doute.

Dans tes rêves oui !

De la démence

Pour tous ceux-là, les cyniques et leurs nervis, rien n’a ni ne doit avoir de sens hormis ces pures démences : la puissance du fric ; la parole, même insensée (elle l’est toujours), des adorateurs de la vie morte qu’est le pognon enfermé dans des coffres forts (leur cœur avec) ; les projets mortels des adeptes du forage, des excavations, des destructions de montagnes et de paysages  ou de l’empoisonnement de l’eau, de la terre et de l’air ; les boute-feu assassins des incendiaires de forêts ; les collections d’armes des nécrophiles tueurs d’animaux paisibles ; les villas de luxe des adeptes forcenés des Riviera surtout si elle sont bâties sur des cadavres et des ruines ; les compulsions pathétiques des amatrices de sacs à mains de luxe et autres fétichistes de bagnoles hors de prix ; les émotions érecto-excitantes que procurent aux fanatiques leurs actions en bourse !

Liste non exhaustive.

On le sait, le marquis de Sade avait su fasciner le XXe s. Il parle encore aux affreux de notre temps enfermés dans leur citadelle.

Raison de plus pour être imperturbables et déterminé.es à clarifier le sens plus que jamais, à expliquer, à parler un langage dense et dru, toujours liés à ce qu’Étienne de la Boétie écrivait dans le Discours de la servitude volontaire : « La nature […] nous a fait à tous ce beau présent de la voix et de la parole pour nous aborder et fraterniser ensemble et par la communication et l’échange de nos pensées nous amener à la communauté d’idées et de volonté […] ». Et pour abattre la citadelle.

Une évidente insoumission.

Finistère insoumis.

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