Communiqué de presse

Conditionner le versement du RSA à la réalisation de 15 à 20 heures d’activité par semaine est indigne.

En réponse à monsieur de Calan.

Dans le numéro d’octobre de la revue Penn ar Bed, à la question posée concernant la « promesse de baisser le nombre d’allocataires du RSA “ de 18000 à 15000,  Monsieur de Calan évoque « l’exigence morale » qu’il y aurait à « être plus efficace dans le retour à l’emploi ». Il y aurait beaucoup à dire sur cette revendication de « moralité » et ses sous-entendus. Mais passons. 

Ce dont il est précisément question, c’est la solidarité. Rappelons-le, puisqu’il le faut : tous les gens qui bénéficient du RSA en ont besoin. Tous ceux qui, bien qu’ils y aient droit, n’en font même pas la demande, en ont besoin.

Il est malvenu, lorsqu’on est un élu, de se vanter d’une politique du chiffre. La politique du chiffre, lorsqu’il s’agit des personnes, et parmi les plus fragiles, c’est précisément la faillite du politique. Elle discrédite celui qui la promeut, elle le disqualifie.  Elle disqualifie tous les élus du conseil départemental qui ne s’insurgent pas contre cette politique du chiffre. Qu’ils soient en charge de l’insertion ou pas. 

Et si en plus la politique se mêle de moraliser, alors la solidarité s’efface. 

Ce dont il est question c’est la « dette sacrée »* que représente la solidarité. Et cette dette est un devoir pour les instances politiques qui en ont la charge. 

Conditionner le Revenu de Solidarité Active à 15 h de travail gratuit, et à des formations délivrées par des « coachs » d’officines privées est indigne. Contraindre les travailleurs sociaux, contre leur mission même, à dénoncer les éventuels récalcitrants est indigne. 

La solidarité ne suppose aucune condition. Qu’elle soit assortie d’un accompagnement de la personne et d’une aide dans toutes les démarches compliquées par des personnels qualifiés, compétents et nombreux, et dotés des moyens nécessaires, nul ne le contestera : c’est  aussi un droit.  

Mais on ne transforme pas ce droit en devoir. Ni en une obligation de pourvoir des postes dans les “secteurs en tension”. 

Faut-il rappeler que la dignité, c’est avant tout un travail digne proposé dans des conditions dignes, avec un salaire digne dans une société qui pense le bien commun, ni moraliste, ni paternaliste, ni charitable

Et si ce travail digne manque, alors la solidarité est le recours, sans conditions

Finistère insoumis. 

(*) : “La dette sacrée” (telle qu’elle apparaît encore dans l’article 11 du préambule de la constitution de 1946). “garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence”.

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